Grisélidis Real ou la passe imaginaire

 

Centre Culturel Mosaïque Collinée Le 10 Février 2014

Le Public Bouleversé !
C’était le spectacle atypique de cette saison à Mosaïque à Collinée , le coup de poker que le programmateur du lieu proposait à son public de jouer. Camille Kerdellant qui incarnait une bouleversante Grisélidis accompagnée au piano par Henri Jégou ; mettait en scène l’envers du décor de la vie sexuelle, sensuel, d’une population ouvrière étrangère crevant de cette solitude qui ne fait pas la une des journaux. Et la comédienne racontait, racontait, se mettant dans la peau et dans l’écriture de Grisélidis Real , prostituée, écrivain, artiste pour nous livrer quelques pages de la correspondance qu’elle entretint plusieurs années avec Jean Luc Hennig . Pari réussi ; avec un public chaviré qui n’oubliera pas de sitôt « cette passe Imaginaire » .

Charlotte Keraudren L’Hebdo D’Armor

 

Alex Broutard Directeur de La Passerelle, Scène Nationale de Saint-Brieuc

Il y a chez Camille Kerdellant une façon de porter l’écriture de Grisélidis avec à la fois une technique et une grâce qui fait qu’on ne sent pas le savoir-faire mais qu’on dépasse l’anecdote (quoique très instructive sur nous autres « pauvres frères humains »), pour entendre la langue d’une écrivaine qui vivait le monde par le bas et l’entraînait très haut par la littérature et la bienveillance.

Alex Broutard

 

Un art de la pauvreté

Marie Dilasser, «Un art de la pauvreté», Agôn, Enquêtes, Des lectures, pour quoi faire ?

Au lieu de « lecture », j’emploierai « mise en voix ».
La mise en voix d’un texte a quelque chose de très érotique qui, sans déshabiller le texte en trace ses contours et y décèle ses lumières. La mise en voix d’un texte ressemble à de l’amour courtois. Amour courtois envers le texte, amour courtois envers l’assistance.
C’est sûr, on ne se mouille pas trop dans une mise en voix, on ne se noie pas non plus même si parfois la noyade est bonne. On goûte du bout des lèvres et des oreilles. Quoique… Le 14 mai 2011 à la salle des fêtes de Saint-Gelven, nous sommes plusieurs à avoir assisté à la mise en voix de quelques textes par Camille Kerdellant accompagnée de quelques notes de piano intempestives d’Henri Jégou. Le résultat est foudroyant. C’est Grisélidis réal ou la passe imaginaire de la compagnie KF Association (Rennes). Les textes, rassemblés sous le titre La passe imaginaire, sont une correspondance entre le journaliste, romancier, essayiste et biographe Jean-Luc Hennig et la prostituée, auteur, militante et plasticienne Grisélidis Réal. Il est de mon avis que certaines mises en voix sont, avec un peu de tissus, de lumière et un pupitre pas trop pourri, de véritables œuvres d’art… Et ça tombe bien, l’argent ne circule plus qu’entre quelques mains pleines de pouvoir, cessons de les séduire, l’argent n’a jamais fait autre chose que rabaisser les œuvres d’art en les intégrant exclusivement dans les milieux bourgeois. C’est par un retour aux formes pauvres que le combat peut exister ou en tout cas que les œuvres d’art peuvent être effectives et la mise en voix publique est la première existence possible d’un texte : elle le fait vivre devant une assistance hétéroclite de classes d’âges et de classes sociales.
Enfin, ce que j’admire dans la mise en voix, c’est le principe de comment en faire le moins pour en dire le plus, comment laisser ouverts les possibles d’un texte ? Intactes les brèches ? Comment, avec le moins de moyens financiers possible peut-on offrir à entendre le plus ?

Marie Dilasser

 

Festival Graine De Mots

LE BESSIN LIBRE BAYEUX 4 février 2012

Le Festival Graine de Mots égrène les succès.

…Même si la programmation est éclectique le public suit. Lors de l’entracte, dimanche 29 Janvier en fin d’après midi à la Halle aux Grains, les commentaires allaient bon train. Encore imprégnés de la lecture de la correspondance de Grisélidis Réal par Camille Kerdellant, certains évoquaient aussi la prestation de Richard Bohringer, de la veille au soir. Et un mot revenait pour décrire ces deux prestations ; « fortes ». Les amateurs éclairés de spectacles vivants et de lecture, livrent leurs impressions : « C’est cru, poétique et drôle », « c’est très bien écrit » , « c’est surprenant, cette plongée dans l’intimité du travail d’une prostituée ». « Il y a des moments durs et des moments tendres ». Avec la seconde partie de ce double plateau L, la chanteuse à la voix forte a emporté les spectateurs dans un univers très personnel et poétique. Deux mondes de femmes, deux approches intimistes et sincères, qui n’ont pas laissé le public indifférent.

 

Festival Graine De Mots

LA RENAISSANCE- LE BESSIN Mardi 31 Janvier 2012

Graines de Mots Graines de Femmes .Elles tiennent la scène !

Deux femmes ont tenu la scène de la Halle aux Grains dimanche dans deux registres complètement différents. C’est tout le charme du festival Graine de Mots. Tout d’abord « La Passe Imaginaire » il a fallu tout le talent de Camille Kerdellant comédienne remarquable pour faire passer les mots tantôts sensuels tantôts coquins. Les textes lus par cette comédienne accompagnée au piano par Henri Jégou ont surtout mis en lumière la misère des prostituées et des travailleurs immigrés, deux couches de la société que certains aiment mettre au banc.

 

Festival Bruissement D’elles. La Grange Théâtre de Vaugarni

LA NOUVELLE REPUBLIQUE Pays d'azay-le-rideau Vendredi 23 Mars 2012

Un spectacle fort et dérangeant

Camille Kerdellant, merveilleuse comédienne a incarné Grisélidis, femme au destin hors du commun.

Le théâtre de Vaugarni a présenté dimanche après-midi devant une soixantaine de spectateurs, une lecture-concert de « La Passe imaginaire », correspondance de la prostituée, auteur, militante et artiste Grisélidis Real avec le journaliste Jean-Luc Hennig.

Entre poésie et provocation, tour à tour crue, exaltée, ironique, féroce, Grisélidis crie sa rage contre la morale et ceux qui la font, son anticléricalisme, mais aussi son amour de la vie, des gens et de leurs blessures. En fait, le spectacle n'est pas vraiment une lecture car Camille Kerdellant, ne lit pas ces textes, elle les vit avec sensibilité, élégance, et mettant particulièrement en valeur de sa voix chaude et nuancée tous ces registres différents qui se succèdent. Pour elle, la musique d'Henri Jégou se fait complice et auréole les textes de belles images sonores puisées suivant l'inspiration du moment dans un répertoire classique ou fruits de sa création ou de son improvisation. Un beau spectacle souvent dérangeant, mais bien choisi pour célébrer ce « bruissements d'elles ».

 

Mythos Rennes

Ouest France Vendredi 15 Avril 2011

On a vu « Grisélidis », un spectacle décapant

Le théâtre de la Parcheminerie, précieux écrin sous-utilisé, accueille la comédienne Camille Kerdellant et son complice le pianiste Henri Jégou , dans un spectacle crée il y a déjà quatre ans à l’époque du festival Scriludes , mais que tous deux n’ont cessé de travailler.
« Grisélidis ou la Passe Imaginaire », ce sont des lettres de Grisélidis Réal (1929-2005) ; prostituée genevoise et révoltée qui refuse toute idée de s’intégrer socialement, auteur de « Le Noir est une couleur » (Balland ,1974) Persuadée que « la prostitution est un acte révolutionnaire », elle délivre un message d’amour qui paraît étrange dans notre monde formaté, contrôlé et somme toute cynique.
Le spectacle est constitué de lettres adressées à Jean Luc Hennig, très crues, nourries de colère et de tendresse.
Camille Kerdellant, voix douce et ferme, chaude et nuancée, diction impeccable, porte ce texte avec une étonnante grâce, donne vie et sensibilité à ce texte politiquement très incorrect, sans justification intellectuelle avec charme et élégance. Henri Jégou ponctue la lecture, tissant des climats sonores variés.
Voilà un texte réellement concret et percutant, parfois réellement dérangeant, servi par une comédienne qui ne revendique rien, sinon le droit d’exister pour un auteur irrécupérable, le droit de faire passer sur scène un texte qui finit par nous bouleverser.

Gérard PERNON