Grisélidis Real ou la passe imaginaire
Amour et révolution
GRISELIDIS REAL (Nom de reine et prénom de conte de fée)
Péripatéticienne et écrivain elle tenait à ce que ses deux professions figurent sur les documents officiels. Elle aurait pu ajouter « artiste-peintre », et « révolutionnaire ».
Flamboyante et généreuse, dans
La Passe imaginaire, Grisélidis parle de son quotidien partagé entre clients et engagement militant. Pour elle, « se prostituer est un acte révolutionnaire ». Malgré les années difficiles, les souffrances et la violence, elle a
toujours défendu sa liberté et revendiqué pour elle et ses consœurs de pouvoir pratiquer leur « Art » en jouissant d’un statut reconnu et respecté.
Née en 1929 à Lausanne, elle commence à se prostituer dans
les années 1960, dans un bordel clandestin de Munich : divorcée, elle doit nourrir ses trois enfants. En 1975, elle est l’une des meneuses de la « Révolution des prostituées » à Paris : 500 filles occupent la chapelle Saint-Bernard
et réclament la reconnaissance de leurs droits. Grisélidis amènera sa « Révolution » à Genève en 1977, et ne cessera de se battre contre une société pétrie de morale judéo-chrétienne hypocrite. Elle crée dans son appartement des
Pâquis le Centre international de documentation sur la prostitution, et fonde en 1982 l’association de défense des prostitués Aspasie, à Genève. Plus tard, elle combattra avec l’énergie qui lui reste « le Sarkozy » et sa loi régressive.
Elle sera emportée par un cancer le 31 mai 2005.