Grisélidis Real ou la passe imaginaire

Extrait

Genève, 3 Mars 1989. 2h et demi du matin.

Extrait de lettre tiré de La passe Imaginaire. Grisélidis Réal. Verticales. Gallimard

Il est venu encore quelqu’un, un homme charmant, un jardinier je crois, et j’ai trouvé encore la force de lui sourire, de laisser sa tête aux cheveux gris se reposer sur mon épaule. Il a souri de contentement, lui aussi, quand j’ai trouvé sur la radio de la très belle musique ancienne, et que je l’ai longuement caressé et sucé, comme il l’aime, à la lueur tendre des bougies et de la lanterne chinoise je crois que ces hommes « populaires » sont infiniment solitaires, ils n’ont que moi, un peu vieillie et douce, pour leur servir de femme et les apaiser, les calmer avant leur sommeil […] il a joui, avec une grande clameur de délivrance ! Cela fait chaud à l’âme ! Je vous embrasse.