Qui exprime ma pensée
Notes de Mise en scène
Si ce qui nous échappe était sensible à la vue,
aux oreilles, à la peau…
Quelle serait notre perception du temps ?
Des paroles d’auteurs poètes et romanciers, des rencontres avec des hommes, des femmes et nos expériences personnelles nous ont inspirés pour démarrer les répétitions.
Quand j’ai découvert le texte de Jan Fabre, je travaillais avec les acteurs sur la résistance du corps à l’attraction terrestre et aux effets du temps sur lui. Après différentes lectures, cette œuvre m’est apparue comme une évidence dans notre travail de recherche.
Le travail s’est construit autour d’improvisations utilisant le corps et la voix des acteurs comme d’une matière sonore et musicale.
A l’aide de micros, capteurs de mouvements et de sons, nous avons cherché à rendre sensible ce qui échappe à la vue et à l’ouïe. Nous avons tenté de trouver une « réalité» physique au « temps », nous inspirant des sons provoqués par le frottement des corps avec l’espace dans lequel nous faisions notre recherche.
L’espace est sonore. Il donne l’illusion de l’image.
L’espace est l’image du son. L’image est l’espace du son.
Il est une sensation.
Le corps humain est au cœur de ce travail.
L’univers sonore et le corps des acteurs dessinent l’espace.
« qui exprime ma pensée … » exprime le sensible, le vivant : le corps humain dans le cosmos.
Attisé par l’effervescence de la vie qui l’entoure, entre l’infiniment petit et l’infiniment grand, le corps qui pense est suspendu. La pensée aiguise l’acuité des sens de l’homme et change son rapport au temps. Entre rêve et réalité, l’homme éternel mortel, regarde et écoute le monde. Il attend. Il se pose encore la question d’ « une promesse de lumière ».
L’humain cherche à maîtriser le temps, à le suspendre, à le saisir, pour résister. Résister à la chute … à la mort…
Nous souhaitons toucher le spectateur dans son rapport intime au temps.
Le temps universel, le temps comme un éternel recommencement. Celui que l’on ne maîtrise pas, qui agit sur les corps, celui de l’humain.
D’ après le sens commun, ce qui ne se voit pas n’existe pas, ce qui ne s’entend pas n’existe pas.
Rozenn Fournier